vendredi 29 octobre 2010

"La ville permet de voir sans être vu et d'être vu sans voir." [Serge Daney]

Depuis que j'ai repris courageusement le chemin de la scolarité, je suis confrontée aux joies nombreuses et variées qu'offre la ville de Montpellier...Non non, aucune ironie, j'ai pourtant - comme beaucoup - été l'innocente victime de ces récentes grèves...

Tout de même, j'aime cette ville.
Son énergie, sa modernité... Traverser les places, arpenter les rues ; faire la touriste. Je passe le plus clair de mon temps dans un village plutôt inactif, il faut me comprendre... Nîmes, en dehors des ses monuments et de certaines rues piétonnes, n'a plus aucun intérêt à mes yeux... C'est sale, c'est laid, c'est mort, et mal fréquenté. Simple avis personnel. C'est une ville aux allures de village, où tout se sait, très vite, on ne sait par qui, ni de quelle manière... L'air est chargé d'hypocrisie, les regards sont provocateurs ou, au contraire, complètement inexistants...
Montpellier est moins sauvage, plus rafraîchissante, plus évoluée. Comme dans toute grande ville, y'a les coins tristes ou les quartiers qui craignent, mais je ne traîne qu'en centre ville... Et rien ne gâche, à mes yeux, le charme qui se dégage de ses grandes avenues pavées...
J'aimerais m'y perdre plus souvent, entrer partout, essayer ci, aller voir ça... Connaître le secret de ces lieux qui m'intriguent et m'attirent comme un aimant...

Je crois qu'au fond, c'est la mentalité qui me séduit. Cette rareté de regards méprisants et critiques, que ce soit pour la couleur de tes fringues ou de tes yeux : quel plaisir ! Il ne s'agit pas de disparaître, bien au contraire ; il s'agit d'être qui l'on veut, comme on veut, pour soi et pour personne d'autre.
 S'épanouir sans se soucier du reste... Se sentir libre, encerclé par la foule.

vendredi 23 juillet 2010

«Quiconque a sondé le fond des choses devine sans peine quelle sagesse il y a à rester superficiel. C'est l'instinct de conservation qui apprend à être hâtif, léger et faux.» - Friedrich Nietzsche

Petite, j'ai toujours pensé qu'une fois adulte, j'évoluerai dans un monde où l'apparence n'est pas primordiale. Aujourd'hui, je suis dans l'obligation de reconnaître que je m'étais trompée. C'était naïf, pueril, stupide. Le monde aime les apparences, les fabrique avec minutie, et les entretient jalousement.
Mais qu'est-ce que mon apparence ? Que vaut-elle au fond ?
Prenons cette robe : longue, au décolleté prometteur, à la coupe sensuelle et aux couleurs chaleureuses... Elle  est superbe, aucun doute là-dessus. Et après ? Posée sur un cintre, le scénario n'ira pas plus loin. Le potentiel est là, mais il n'est pas exploité. Il y a un vide, c'est incomplet. Il manque les gestes doux et la démarche souple de la femme qui s'y glissera, laissant son parfum envelopper le tissu et ses cheveux retomber le long des bretelles...
Sans elle, aucune magie n'est présente, aucun désir n'est possible...

Je suis cette robe. Certainement pas une robe de bal, mais une jolie robe quand même.
Beaucoup me contemplent et me veulent, mais pas de la bonne manière.

La femme, c'est moi. Ou plutôt le moi que je cache.  Ils veulent la robe, mais m'oublient au passage. Ce que je suis reste en arrière, l'important c'est l'image que j'offre. Souvent, ça me convient ; le moi reste à l'abri, emmuré, inviolable. J'apprécie l'aspect superficiel lorsqu'il entraîne un peu de répit personnel.
D'autres fois pourtant, la frivolité laisse place à l'agacement, la tranquillité se change en solitude... Alors j'essaie de me dévoiler, d'afficher un peu de fragilité, laisser s'échapper quelques confidences, tenter de faire de nouveau confiance... Ce n'est pas chose facile, mais j'ai comme l'impression que tous ces efforts me sont aujourd'hui nécessaires. Je ne tient pas à m'oublier à mon tour.

Alors je retrouve ce détestable sentiment de vulnérabilité, cette maladresse, ces sensations que j'avais tout simplement banni, ces espoirs naissants que j'avais appris à étouffer. Je les retrouve comme on retrouve de vieux amis après une époque de conflits, avec dans l'air cette nostalgie mêlée de regrets, de doutes, mais aussi de légèreté... Mon moi sera plus affirmé, mon apparence moins apprêtée. Une femme qui veut s'assumer, dans une robe moins délicate...

Malgré tout je conserverai une certaine méfiance, histoire de limiter les risques de nouvelles déceptions...
Je crois qu'en réalité, me contrôler est un défi que je souhaite absolument relever.

lundi 22 février 2010

«C'est drôle ce besoin qu'ont les gens d'accuser les autres d'avoir gâché leur existence. Alors qu'ils y parviennent si bien eux-mêmes, sans l'aide de quiconque.» - A. Nothomb

C'est rageant, ce besoin d'extérioriser, cette envie de tout balancer, de cracher au plus vite ce trop-plein qui m'écœure au plus haut point. J'aimerais m'en passer, faire ma belle et narguer cette mièvre tristesse qui affaiblie mon regard et me découvre sous un jour que je méprise. Un stupide bout de papier, deux trois mots griffonés, et c'est mon coeur qui implose... d'amour ? non, plus maintenant. Il ne reste que la colère, la déception et la rancoeur. Mais merde, ça semble parfois si injuste. Plus d'une fois j'ai crisé, telle une gamine capricieuse, prête à gifler le premier qui me oserait me contrarier. Je me suis détestée, de ne pouvoir rien contrôler. J'ai refoulé tout ce qui m'empêchait d'avancer, mais non sans me retourner.

J'ai parlé haut et fort, pour mieux masquer les doutes qu'on me soufflait. Pourtant j'ai eu peur, de tout ce qu'ils disaient, de tout ce qu'ils pensaient. Ces autres, leurs regards ignorants et leurs langues de vipères. Alors je me suis retirée, j'ai fait le vide dans mon coeur pour faire le plein de douceur, et j'ai posé dans une boîte le mépris récolté, pour mieux porter le trésor que je me créais.

[...]

Malgré tout, les batailles livrées, mes efforts pour estomper, rien n'est arrivé à bout de ces démons qui, même enfermés, parvenaient à agiter mes nuits lorsque j'en baissais la garde... J'avais pourtant pris l'habitude de me conditionner, à force d'espoir et de fierté. En vain.
Une soirée, quelques rires couverts par une musique qui agresse, j'exagère mon attitude pour mieux zapper ma solitude, et tente d'assommer mes fantômes en enfilant quelques verres. C'est déjà mieux : j'ai toujours mal, mais j'en ris. Ma langue se délie, j'enchaîne deux trois conneries, et finis par parler de ma vie. Cliché pathétique...
C'est évident; désarmant et emmerdant, certes, mais évident.
J'ai besoin de parler.
Qui sait, à un psy, à un mur aussi. Qu'on m'écoute sans me voir. Qu'on me voit sans m'idéaliser. Qu'on idéalise ma vie. Que ma vie soit stimulée. Qu'on me stimule le coeur. Que mon coeur s'abandonne. Que j'abandonne mes armes.

samedi 16 janvier 2010

«Il y a un temps où un homme doit se battre et un temps où il doit accepter que son destin lui échappe. Que le bateau a levé l’encre et que seul un idiot insisterait. La vérité c’est que j’ai toujours été un idiot.» - "Big Fish", Edward. -


 GARE DE L'AVENIR
"Prochain Départ 8:30"

- Plus que 10 minutes. Arrête de baliser quoi... Assied-toi p'tite ! tu me stresses !
Les joues rouges d'excitation et de stress, je souffle à la manière d'un joggeur en plein effort, piétinant sur le quai sous les reproches et le regard agacé d'un homme assis sur un banc, juste derrière moi. Il est grand, horriblement maigre et mal coiffé. Ses yeux tombants et sa bouche sévère lui donnent un air plus qu'antipathique. Fringué comme un clochard, il affiche un tee-shirt d'un noir déprimant sur lequel un magnifique tag aux couleurs criardes déclare avec sagesse : "L'espoir, c'est trop pour les nuls." Un jean complètement destroy fait office de pantalon, dont les poches ont soigneusement été retournées vers l'extérieur, comme pour confirmer qu'effectivement, il n'a rien pour lui; pas même une petite pièce. Et pour compléter l'allure si singulière de ce personnage, viennent les chaussures. Ou plutôt la chaussure. Pourrie, un genre de baskets sans lacets, dont la semelle s'est décollée au fil des années. Chaussure enfilée au pied gauche. On se demande pourquoi.

Je ne sais pas ce qui m'attend, d'où mon appréhension. Je sais juste que tout le monde trouve ça important. Alors je me lance, moi aussi, parce qu'il est plus facile de prendre une voie toute tracée. En l'occurrence, ici, une voie ferrée. 
- Alors gamine, lance le clochard de sa voix nasillarde, t'as enfin décidé de bouger tes fesses ?
Son ton détestablement sarcastique commence sérieusement à m'emmerder.
- T'as saisi que dans la vie, on fait pas toujours s'qu'on veut, hein ?
Mais achevez-le !
Essayant de conserver mon sang-froid, je serre les dents et décide d'aller m'assoir un peu plus loin, sur le seul banc de libre. Fatiguée, stressée, énervée, je me demande si tout compte fait, je ne ferais pas mieux de renoncer. Le visage enfoui dans mes mains, je suis au bord des larmes, quand soudain je sens quelqu'un s'asseoir à mes côtés.
- Pourquoi tu pleures madame ?
Je lève la tête et me retrouve face à... un enfant.
Mon coeur s'accélère, je connais ces yeux. Ils me fixent en silence, partagés entre l'étonnement et l'inquiétude. L'enfant est beau, avec sa bouche ronde et son air grave.
- Parce que je ne sais plus quoi faire, finis-je par lui répondre sans le quitter du regard.
Ma réponse n'a pas l'air de lui convenir. Les sourcils froncés, il baisse la tête comme pour réfléchir puis la relève soudainement, le visage souriant :
- Tu peux faire... heu... que tu restes avec moi ! lance t-il maladroitement.
Ça y est, je craque, ce petit ange venu de nulle part a gagné mon coeur.
- Eh bien, j'aimerais beaucoup mais, vois-tu, j'ai un avenir qui m'attends... dis-je d'une voix douce. Si je décide de rester, je vais passer à côté de... enfin, je pourrais manquer beaucoup de... 
Je vois qu'il peine à comprendre mais qu'il fait tous les efforts du monde pour assimiler chacun de mes mots. Son regard me transperce tandis que je cherche mes fins de phrases.
Soudain, une voix retentit dans toute la gare, annonçant le train de 8:30. Mon train.
L'enfant, imperturbable, n'a pas changé d'expression et attend patiemment que je continue.
- ...enfin, c'est de mon futur dont il s'agit, dis-je d'un ton gêné, donc si je n'y vais pas, je risque de gâcher... heu...
Je me mélange, je me sens vide, j'ai la désagréable impression que ces pitoyables explications ne sont même pas les miennes. Ça y est, le train est là et commence à freiner dans un bruit strident. L'enfant m'observe toujours, silencieusement, tandis que je noies mes paroles hésitantes dans ses pupilles obscures.
Quand tout à coup, alors que je n'y croyais plus, mon esprit s'éclaire.
C'est comme une évidence.
Là-bas, rien ne m'attend. C'est lui, que je ne dois pas manquer.
C'est lui, ma chance.
C'est lui, mon futur.
Tout s'inverse, je ne veux plus partir. Le train désormais complètement arrêté accueille déjà les nouveaux passagers. En quelques secondes, je sens que ma vie bascule, ma décision aussi. Je n'irai pas là où je suis "supposée aller", et tant pis si je me fais blâmer.
Je jette un oeil derrière moi. Avachi sur son banc, le Pessimisme est toujours là, l'oeil vicieux, la critique au bord des lèvres, guettant le moindre de mes gestes. Il attend que je me lève, il pense peut-être que je prends mon temps pour le narguer, mais que je finirai par monter à la dernière minute. Non, je n'irai pas. Je n'ai plus peur, je ne suis plus seule.
Le coeur rempli d'un espoir nouveau, je me tourne vers mon petit ange et lui murmure d'une voix émue :
- Tu sais quoi ? 
Le sourire aux lèvres, je prends sa petite main au creux de la mienne, tandis que le sifflement annonce la fermeture des portes.
- En fait, je vais rester.



vendredi 25 décembre 2009

« On ne sait rien de soi. On croit s’habituer à être soi, c’est le contraire. Plus les années passent et moins on comprend qui est cette personne au nom de laquelle on dit et on fait les choses. » - A. Nothomb

Y'a vraiment des fois où je m'oublie. Où je n'existe plus pour moi. Involontairement bien sûr, je me perds, je me paume entre un biberon, une bassine de linge et quelques jouets à ranger. J'me pose là, dans un coin, en me disant que je reviendrai me chercher plus tard. En attendant, j'exécute, je liste, je me concentre et tire la langue tant la concentration est intense... De temps en temps, alors que je change un drap ou que je mets de l'ordre sur la table à langer, je m'arrête net :
"J'ai mis son body d'hier au sale ? ... ... Oui, ce matin."
puis je me remets en marche.
Histoire d'avoir un rythme, je mets un peu de musique, que je n'écoute pas vraiment, mais qui me tient compagnie. Une sucette entre les dents, un cube en tissu sous le bras, le sac à langer dans une main et Simone la girafe dans l'autre, je trottine et traverse la pièce. Je dépose mes fardeaux à leurs endroits respectifs et repart.
Sur le chemin, un miroir m'attrape.
Je bugue devant... l'oeuvre d'art qui s'offre à moi. Mes yeux mal démaquillés me fixent d'un air blasé de fatigue et une mèche de cheveux capricieux forme un épis des plus singuliers. Mesdames, messieurs, l'erreur est humaine. Et le pire, c'est que c'est une fille. n_n
Un petit couinement me tire de ma méditation.
Tiens, la sieste est terminée.
Alors, maladroitement, aussi naturelle que la plus débordée des mamans, je monte les escaliers d'un pas pressé...
"Où me suis-je mise déjà ? ...Ah, me voilà."
Et je me retrouve enfin,  le temps d'un baiser et d'un tendre calin,
donnés au réveil au plus beau des chérubins.

vendredi 4 décembre 2009

"C'était une dame gracieuse, a l'âme romanesque [...] Et sur sa bouche doucement moqueuse flottait un baiser que Wendy ne pouvait jamais cueillir bien qu'il fût là, palpitant a la commissure droite des lèvres..." - Peter Pan -

C'est comme un défi, presque semblable à une promesse... Une décision, de garder ces lèvres, de leur épargner la douleur. De leur offrir le meilleur, de ne plus faire d'erreur. C'est utopique, romantique au possible, frustrant, naïf... Mais c'est ainsi. Le dernier, c'était lui; le deuil fut une épreuve. Le prochain viendra bien, mais il devra faire ses preuves. C'est exigeant, borné, mais raisonnable et nécessaire.
J'en ai besoin.
J'ai encore mal.
Je veux contrôler, décider; pour moi, pour lui. Lui qui est une partie de moi et qui mérite ce qu'il y a de meilleur. C'est pour lui que j'exige, c'est pour lui que j'insiste, c'est pour lui que je refuse. C'est pour moi que je détourne le visage, c'est pour moi que je teste, c'est pour moi que je décide d'arrêter.
C'est pour nous que je cherche l'introuvable, pour nous que je veux l'inattendu, pour nous que je veux la certitude, sans menace d'un nouvel abandon. Je cherche toujours, j'espère toujours; je vois, je sens, je sonde, j'anticipe et me méfie...
L'art et la manière.

De ne plus se laisser faire.

mardi 1 décembre 2009

Parce qu'il faut bien commencer...

Depuis plusieurs nuits, je gribouille, j'hésite. Je voulais avoir un coin tranquille, quelques pages où caler mes babillages en tous genres, un endroit simple où balancer mes idées noires et... retrouver les idées claires; oui. Rien de bien compliqué quoi. Un blog ordinaire, comme il en existe tant d'autres.

Je n'ai aucun but. Excepté peut-être celui d'oublier la zone "skybloguienne" et ses accros du style texto...?

Je n'écris pas bien. J'écris pour me faire du bien. Et utiliser un blog pour mes lignes est d'ailleurs assez inhabituel. Jusqu'ici, je gavais mes fichiers de brouillons en tous genres : texte inachevés, phrases au hasard... J'y revenais, modifiais, perfectionnais, en vain. Même avec la plus grande concentration, je n'obtiens jamais satisfaction. C'est flou, maladroit, naïf, chargé. Mais j'ai appris à m'y faire. C'est une partie de moi, après tout. Parfois, la plupart des écrits n'était même pas définissable, ce qui donnait lieu à des appellations désespérées : "essai", "écrit", "brouillon"... Allant jusqu'à "chose", "truc" et "bidule".
C'est dire comme je suis... inspirée.

J'ai trop de choses à dire, peu de mots qui viennent.
Je ne suis même pas sûre d'être lue.

Qu'importe. Bienvenue.